Les musiciens d'église de 1900 à nos jours

Le contexte historique

Le 2 janvier 1894, 160 personnes du Plateau Bourbon et du quartier de la Gare signèrent une première pétition qu'ils adressèrent au Ministre de l'Intérieur Paul Eyschen afin d'obtenir un terrain pour y construire une église paroissiale. Il fallut attendre près de 40 ans la bénédiction de la nouvelle église du Sacré-Coeur: le 24 décembre 1932 (alors que la consécration eut lieu le 30.4.1936 par Mgr Joseph Philippe).

Répondant à un besoin de plus en plus urgent, les habitants eux-mêmes s'organisèrent, en collaboration avec les congrégations religieuses de ces années, pour créer les lieux de culte suivants:

  • Chapelle de Notre-Dame du Rosaire (Rousekranzkapell), desservie d'abord par les Dominicains, puis par les Jésuites, finalement par la paroisse St Michel, à la rue Sigefroi (actuellement rue Origer) à partir du 1.10.1887;
  • Chapelle du Couvent Ste Zithe: 18.6.1889;
  • Chapelle du Nilleswee (rue de Strasbourg): 5.7.1901;
  • Chapelle des Dominicains (nommés "wäiss Pateren") au 83, rue de Strasbourg: 9.5.1916;
  • Chapelle des Prêtres du Sacré-Coeur au 24, bd d'Avranches en 1928.

Situation avant la fondation de la paroisse

Tandis que Jeanne Scholtes jouait l'harmonium à la chapelle du Nilleswee, M. Kowalski touchait celui de la Rousekranzkapell, harmonium à deux claviers qui existe d'ailleurs toujours au jubé de l'église actuelle. Il se faisait souvent remplacer par son épouse, qui jouait d'ailleurs fort bien et qui faisait la joie des enfants, puisque son large chapeau se balançait au rythme de la musique, tandis qu'elle pédalait à son harmonium.

Lorsque M. Kowalski succéda à J.A. Muller aux orgues très anciennes de St Michel, il fut remplacé - vers 1909 - par Adolphe Werz, qui assurait en même temps la direction du chant auprès des Pères Rédemptoristes. Les vicaires qui s'occupaient à cette époque du quartier de la Gare étaient Vicky Wagner (23.6.1877 - 14.4.1949), Mathias Stein (18.7.1890 - 30.6.1970) et Léon Wildgen (28.5.1902 - 24.7.1977).

Robert Claude (15.7.1906 - 9.11.1975), nommé vicaire à St Michel le 1.10.1932, fut à son tour délégué au quartier de la Gare, où l'on avait béni et posé la Première Pierre le 6.7.1930; il fut le premier prêtre à habiter au nouveau presbytère (le curé-doyen, M. Erasmy, n'y logea qu'à partir de l'automne 1933).

Fondation de la paroisse

Le 24.12.1932 le curé-doyen Mathias Erasmy (3.11.1877 - 15.2.1961), l'abbé Stein et l'abbé Bouquet bénirent la nouvelle église du Sacré-Coeur le 24 décembre 1932 (alors que la consécration eut lieu le 30.4.1936 par Mgr Joseph Philippe). Pendant la messe solennelle, M. Michel May joua l'harmonium, accompagné par un petit orchestre, tandis que les chants étaient interprétés par des membres de la Maîtrise de la Cathédrale, sous la direction de l'abbé Robert Claude. Ils exécutèrent le même programme le lendemain, Fête de Noël, à la messe de 11 heures.

M. Werz avait probablement espéré devenir également directeur de chorale à la nouvelle église. Pourtant, M. Erasmy y voyait plutôt son vicaire Robert Claude, un excellent musicien, tandis qu'il destinait la fonction d'organiste à son ami Michel May.

L'abbé Claude créa donc la Chorale. Après une propagande bien préparée, les premières réunions et répétitions se sont faites dans une salle de classe de la Nillesschoul (l'école rue de Strasbourg), puis dans une salle de classe de l'école de la rue du Fort Neipperg, partagée avec la Conférence St Vincent de Paul. C'est ici que fut fondée la Chorale Ste Cécile. M. Claude avait proposé une chorale "sans président, sans secrétaire et sans trésorier, puisque tous sont égaux et tous solidaires". Mais des difficultés administratives, notamment en vue d'obtenir un subside auprès de la Ville de Luxembourg, ont amené M. Fischer à devenir son premier Président, soutenu e.a. par Félix Bernard et par les frères Jean-Pierre, Edouard et Paul Helminger.

Le premier dimanche de l'Avent 1938, il avait été béni par l'évêque, Mgr Joseph Philippe et introduit par son organiste titulaire Michel May, auquel s'était joint l'organiste de la Cathédrale, Maître Albert Leblanc.

Construction du nouvel orgue Haupt

L'orgue avait été construit dans la fabrique d'orgues indigène Georg Stahlhuth, succ. Georg Haupt, de Lintgen, au prix de 385.000 francs. L'année d'après la bénédiction, le 20 décembre 1939, le restant de la dette avait pu être payé, de sorte que depuis lors, l'orgue était devenu possession intégrale de la paroisse du Sacré-Coeur.

Derrière l'artistique disposition des deux rangées de tuyaux de façade se trouvent les 3.712 tuyaux, dont 2.876 en étain, 560 en zinc et 276 en bois, nécessaires aux 56 registres sonores. Entre les parties inférieures de la première rangée de tuyaux superbement dressés en bon ordre, apparaissent prudemment, comme sortis d'une embuscade, les visages des grands tuyaux de contrebasse, prêts à faire entendre, comme sur commandement, leurs voix graves.

Au milieu de la console, considérée comme vraie édition de luxe de la technique de construction d'orgues (ce qu'elle est encore toujours), se trouvent 3.600 contacts et 308 contacts électriques reliés aux 534 électro-aimants des relais des sommiers (Windlade) par 32.000 mètres de fil de cuivre.

C'est par ce labyrinthe d'installation électrique que sont transmises aux tuyaux les intentions de jeu et d'interprétation de l'organiste depuis les touches.

Grâce à son expérience de 30 ans concernant la transmission (Traktur) électrique, Haupt a pu exécuter cet orgue de façon tellement sûre qu'il peut être considéré comme chef-d'oeuvre de la technique d'alors.

Les organistes titulaires

Ainsi donc l'organistre titulaire d'alors a eu à sa disposition un instrument grâce auquel son talent extraordinaire a pu se déployer librement. Par ce fait, M. Michel May faisait partie des personnalités notoires du Grand-Duché. Il était non seulement considéré comme l'un de nos meilleurs organistes et musiciens, il était également estimé en tant que personnalité sympathique, simple, honnête et toujours prévenante.

M. May, originaire de Bonnevoie (où M. Erasmy avait été curé de 1914 à 1923), avait été l'élève préféré de Michel Hulsemann (1917). Quand M. Kowalski, organiste à St Michel, obtint le poste de professeur à Esch, M. Erasmy, entretemps curé à St Michel (1923 - 1933), demanda à Michel May de le remplacer aux orgues de St Michel - ce qu'il fit jusqu'en 1933. Parallèlement il assurait à partir de Noël 1932 à l'église du Sacré-Coeur les messes dominicales de 11 heures, succédant à M. Werz. Les autres offices, notamment les Vêpres, étaient accompagnés, toujours à l'ancien harmonium des Dominicains de la rue Origer, par Félix Bernard (lui-même élève, avec May, de Michel Hulsemann), par M. Breisch (organiste titulaire auprès des Pères Rédemptoristes) et par M. Emmel. C'est donc en automne 1933 que Michel May est devenu titulaire à l'église du Sacré-Coeur (la paroisse ayant été créée par la loi du 8.7.1933) jusqu'en janvier 1965. En même temps, M. May exerçait les fonctions d'organiste à la Synagogue.

A partir du 1.7.1965, il fut de nouveau remplacé par Félix Bernard (qui, lui, avait été titulaire des orgues à Hamm de 1933 à 1946). Claude Peters, encouragé dans ses études musicales par le curé-doyen Jean Heinisch, succéda le 1.8.1966 à M. Bernard. En 1983, il fut remplacé par Patrick Colombo, puis, à partir de 2000, par Paul Kayser, tandis que Daniel Malnati a été nommé titulaire en 2001.

Les organistes adjoints

Les organistes-adjoints ont été successivement à partir de 1976: Alain Wirth, Patrick Lepage, Paul Kayser et actuellement Claude Hirsch, tandis que Léon Quaring, Léon Lamesch, Pierre Hencks, Aloyse Colombo, Jean-Pierre Elcheroth et Marc Quaring ont assuré les services en cas de besoin.

Un remerciement spécial s'adresse à Patrick Wilwert et à Laurent Peters qui ont prêté leur concours précieux pendant les mois d'octobre à décembre 2006.

5. 1. 2007

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