Les méditations du matin

Chaque humain est une fleur (10 août 2000)

Je connais des bateaux (11 août 2000)

Ce jour là, j'étais très pressé... (12 août 2000)

Jésus me provoque (tous les jours)

Les échanges du matin

Chaque humain est une fleur (10 août 2000)

Elle poussait dans un jardin quelconque au milieu de fleurs de toutes les couleurs. Elle se considérait une fleur exceptionnelle.

Au printemps, elle décida de ne pas fleurir trop tôt, elle pourrait être victime d'un gel tardif. Sa vie de fleur avait une durée limitée, elle ne voulait donc prendre aucun risque et décida de rester bouton le plus longtemps possible. Quand au printemps, les premières fleurs s'ouvrirent timidement elle se dit: "que mes consœurs sont étourdies de risquer la floraison".

Et elle se sentit confirmée dans sa décision, puisque quelques-unes succombèrent au gel.

En mai et juin, toutes les fleurs, l'une après l'autre, étalèrent leur splendeur; mais elle, têtue, gardait ses boutons et refusait l'éclosion des pétales. "Que les autres y aillent" se dit-elle. Elle avait tant entendu sur les risques encourus par des fleurs épanouies. La pluie, par exemple, abîmerait sa splendeur. Et que dire, si on la cueillait pour la placer dans un vase! Elle n'atterrirait certes pas là!

Elle attendait la sécurité absolue avant de déployer toute sa magnificence. Elle jalousait un peu ses compagnes et au fond de son coeur, elle sentit le désir de fleurir comme les autres. Mais pourrait-elle concurrencer avec la beauté et le parfume des autres?

Elle balançait entre ses doutes et son assurance.

La fin août arriva, l'angoisse et la curiosité l'envahirent, se décider devint de plus en plus pénible maintenant qu'elle n'était plus qu'un vieux bouton. En septembre, le soleil perdit de sa force, les parterres de fleurs se dénudèrent. Il fallait se décider. Et un beau matin de septembre, elle déploya, malgré l'enveloppe, toutes ses pétales en une fleur fantastique. Beaucoup l'admirèrent. Mais sa plus grande joie fut son courage d'avoir oser fleurir. Elle était simplement heureuse de faire briller ses couleurs dans le vent ensoleillée.

Elle sut maintenant que fleurir n'exigeait aucun savoir, aucune sécurité, mais seulement la volonté de décision.

On ne sait ce qu'elle est devenue, la fleur exceptionnelle! Sans doute sa floraison fut de courte durée puisqu'elle n'avait pu se décider. Malgré tout, elle était devenue une fleur merveilleuse.

Je connais des bateaux (11 août 2000)

Je connais des bateaux qui restent dans le port de peur que les courants ne les entraînent trop fort.

Je connais des bateaux qui rouillent dans le port à ne jamais risquer de voiles au dehors.

Je connais des bateaux qui oublient de partir, ils ont peur de la mer à force de vieillir

et les vagues jamais ne les ont séparé; leur voyage est finit avant de commencer.

Je connais des bateaux tellement enchaînés qu'ils en ont désappris comment se regarder.

Je connais des bateaux qui restent à clapoter pour être vraiment sûr de ne pas se quitter.

Je connais des bateaux qui s'en vont deux par deux affronter le gros temps quand l'orage est sur eux.

Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu sur les routes océanes où les mène leur jeu.

Je connais des bateaux qui n'ont jamais finit de s'épouser chaque jour de leur vie

et qui ne craignent pas parfois de s'éloigner l'un de l'autre pour mieux se retrouver.

Je connais des bateaux qui reviennent au port labouré de partout mais plus grand et plus fort.

Je connais des bateaux étrangement pareils quand ils ont partagé des années de soleil.

Je connais des bateaux qui reviennent d'amour quand ils ont navigué

jusqu'à leurs derniers jours sans jamais replier leurs ailes de géant parce

qu'ils ont le coeur à taille d'océan.

Ce jour là, j'étais très pressé... (12 août 2000)

Et j'avais donc bien organisé chaque détail de ma journée, puisque j'étais très pressé. Je commençais par rapporter les livres à la bibliothèque universitaire.

Par hasard, je tombe sur une étudiante de mon cours; elle avait l'air vannée et me raconte son stress du blocus: "Je passe chaque minute libre à la bibliothèque et je dois terminer un rapport de travail à remettre ce soir."

Ce jour là, j'étais très pressé..., mais d'un coup, mon idéal de vie me vint à l'esprit: "l'amour du prochain prend la première place". C'était l'occasion. Je lui demande la disquette avec le projet de son rapport et me mis à l'ordinateur. Je corrigeais l'orthographe, transformais quelques phrases et imprimais le tout.

De retour dans la salle de lecture, l'étudiante rayonnait. "C'est formidable! Jamais je n'aurais cru que tu ferais cela pour moi, tu me connais à peine!"

J'ai pourtant réussi à réaliser chaque point de mon programme prévu.

Une vraie amitié est née de cette rencontre fortuite.