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WYD 2002
Questions et réponses

Toronto, juillet 2002

Comment les catéchèses avec les évêques se sont-elles déroulées?

Les catéchèses sous la direction des évêques Genn et Stenger ont toujours pris la forme de messes dans lesquelles une grande place était réservée à la parole de Dieu et à la méditation de cette parole. Initialement, il était aussi prévu de partager ses pensées avec les autres, mais par manque de temps, cette partie a un peu été négligée. En effet, les messes commençaient toujours vers 9 heures du matin et se terminaient à midi passé!

Concrètement, une équipe pastorale formée par des prêtres et des assistantes pastorales de l'Euregio assurait une bonne entrée en matière et conduisait au travers de la messe. L'encadrement musical était assuré par le groupe Freyräume et l'élan spirituel venait des deux évêques sous la forme d'une brève homélie. Suivaient ensuite l'intériorisation et le partage en groupe. Après une vingtaine de minutes, les évêques donnaient des commentaires de ce qui avait été discuté en groupe et donnaient les réponses aux questions auxquelles ils pouvaient répondre de manière succincte. L'eucharistie présidée par un des deux évêques clôturait la messe.

Vu le grand nombre de questions posées lors des groupe de travail et leur importance, Mgr Genn s'est spontanément déclaré prêt à y répondre dans un cadre moins formel après la messe. Les jeunes posaient beaucoup de questions sur "la morale sexuelle de l'église et en particulier sur les moyens de contraception. L'Église se défend contre les conceptions de notre temps qui postulent que la sexualité peut être librement consommée. Selon les conceptions de l'Église, l'acte sexuel n'est pas une action purement physique. Il n'en va pas seulement de la satisfaction de désirs charnels, mais avant tout d'un don total de soi au partenaire et cela sans réserve. Ce don de soi ne peut se concrétiser que dans le mariage, c'est-à-dire après que les deux partenaires ne se soient mutuellement promis fidélité à jamais. Dans la discussion avec les jeunes, il a été vite clair que la majorité d'entre eux partageaient les mêmes opinions concernant la vie en couple, mais que l'interdiction absolue des moyens de contraception leur semblait difficilement compréhensible. Mais les jeunes se sont réjouis de la disponibilité de l'évêque pour traiter ces thèmes et ils l'ont invité à confronter leurs points de vue sur d'autres questions de la foi durant les jours qui suivaient." (Bob Kirsch, "Salz und Licht für andere sein", Luxemburger Wort, 26 juillet 2002, p. 12).

Quels ont été les fruits de ces catéchèses?

Le plus grand don de ces catéchèses aura été qu'elles auront pu faire revenir à Dieu bien des jeunes qui avant d'aller aux JMJ ne savaient pas trop où ils en étaient avec cette foi.

Ces catéchèses donnaient l'image bien trop rare d'une église en fête réunie autour de Jésus. Les évêques, représentants de la hiérarchie, donnaient l'impression de vraiment comprendre les aspirations des jeunes présents. Tous ceux présents, jeunes, assistants pastoraux, diacres prêtres et évêques se sentaient vraiment membres de la même famille, tous soeurs et frères du Christ. C'est cette entraide, c'est ce soutien, cette compréhension mutuelle qui fait cruellement défaut dans la majorité de nos paroisses. C'est cet esprit de solidarité et de compassion qui a le plus marqué les jeunes. Voilà à ce qu'ils aspirent lorsqu'ils se lancent à corps perdus dans des aventures sentimentales sans fond, lorsqu'ils cherchent refuge dans les paradis artificiels ou qu'ils recherchent les sources d'argent les plus rapporteuses. Et dire que l'exemple du Christ est là devant les yeux de tous depuis presque deux mille ans. Aux jeunes de le découvrir sous le monceau de prescriptions, d'interdits et de constructions théologico-éthico-logiques toutes plus compliquées les unes que les autres.

Que faire pour que les jeunes se sentent plus souvent à l'aise dans l'Église, tout comme durant les catéchèses?

Ce que font les centres de pastorale des jeunes des diocèses de l'Euregio, c'est qu'elles aident les jeunes catholiques à mieux vivre leur foi en leur donnant l'occasion de l'approfondir par des expériences vécues en commun. Consciemment ou inconsciemment, ils tentent de reconstruire un tissu religieux là où il est profondément lacéré. Dans ce sens leur travail mérite une grande reconnaissance car ils se battent avec relativement peu de moyens contre les idoles de la société postmoderne de consommation.

L'étape suivante, c'est que ce tissu de relations devienne communauté. Non pas communauté administrative comme sont dégénérées beaucoup de paroisses actuelles dans les régions de l'Euregio, mais vraies communautés de vie qui permet à chaque membre de se rapprocher chaque d'avantage de Dieu.

Comment s'est passé le vendredi avant la JMJ?

Le vendredi, 26 juillet 2002 a été tout entier réservé à la réconciliation avec Dieu. Aux yeux de l'auteur, la catéchèse du matin s'est transformé en la plus parfaite expression d'une cérémonie pénitentielle réussi. Ce qui a du certainement mettre beaucoup de baume au coeur des prêtres présents et qui les aura encouragés à persévérer dans leur cheminement avec les jeunes, c'est qu'ils arrivaient avec difficulté à contenir les files d'attente qui s'accumulaient devant leur arbre ou leur muret où ils donnaient le sacrement de la réconciliation à tous ceux qui le réclamaient.

Dès lors, le chemin de croix du soir avec la passion du Christ présentée par des acteurs en chair et en os a revêtu un caractère tout à fait nouveau pour ces jeunes rendus particulièrement réceptifs par leur coeur nouvellement léger.

Pourquoi tous les évêques de toutes les diocèses de l'Euregio n'ont-ils pas participé à ces catéchèses?

Quelques-uns ont bien dû assurer la permanence au pays. Par exemple, Mgr Genn, n'a-t-il pas pu se consacrer tellement bien aux jeunes parce qu'ils sont deux dans sa diocèse?

Quelques-uns comme Mgr Raffarin de Metz ont quand même passé beaucoup de temps avec les jeunes sans pour autant partager à cent pour cent la vie des jeunes comme l'ont fait Mgr Stenger et Mgr Genn.

Pourrait-on améliorer encore d'avantage ces catéchèses?

Le seul reproche qu'on pourrait à la rigueur faire aux catéchèses de Toronto, c'est le peu de place qu'a été rendu à la réflexion personnelle. Mais comme il ne serait pas approprié de dépasser une plage horaire de trois heures par jour, il faudrait bien supprimer quelque chose. Si l'organisation des JMJ le permettrait, on pourrait par exemple célébrer seulement deux eucharisties et laisser la troisième place une plus grande place au travail personnel.

Exhibition Place a-t-il laissé une bonne impression parmi les pèlerins?

L'Exhibition Place au sud-ouest de Toronto, aux bords du lac Ontario a été construit pour l'Exposition Universelle de 1927. Au cours des JMJ, ce lieu a fourni le cadre pour la cérémonie d'ouverture, la cérémonie d'accueil du Pape, pour une grande partie du Festival de la Jeunesse et la réfection des pèlerins durant tout leur séjour à Toronto.

L'idée de concentrer une grande partie du Festival de la Jeunesse sur un seul lieu était bonne afin de permettre d'assister à un maximum d'activités.

Par contre, le fait de devoir revenir à Exhibition Place pour tous les repas de midi et du soir était très pénalisant. En effet, suivant les points où on se trouvait dans à Toronto, il fallait parfois plus d'une heure pour rejoindre l'Exhibition Place. Soit les transports publics étaient trop pleins car sous-dimensionnés pour transporter autant de personnes, soit les distances étaient simplement trop grandes. Ainsi, au fur et à mesure que la JMJ du 28 juillet approchait, de plus en plus de pèlerins ont choisi l'option de manger à leurs propres frais à l'endroit où ils se trouvaient.

De plus, l'Exhibition Place donnait parfois l'impression que les organisateurs avaient volontairement parqué un maximum de pèlerins dans ce lieu afin de perturber le moins possible la vie quotidienne des habitants de Toronto. Cependant, il faut bien croire que cela a marché parce que les habitants de Toronto (à quelques conducteurs de transports publics et à certains de leurs usagers près) semblaient tous avoir une bonne opinion des jeunes pèlerins.

Comment s'est déroulée la veillée de prière avec le Pape à Downsview?

Arrivés à Downsview de bonne heure en petits groupes, les pèlerins de l'Euregio ont tout d'abord dû essuyer une petite déception lorsqu'ils ont vue que les places qui avaient initialement prévues pour eux étaient déjà toutes occupées. En ce qui concerne le groupe des Luxembourgeois, ils ont alors vite choisi un autre endroit où camper. Finalement, le groupe a trouvé un écran géant juste au bord d'un des couloirs de transit qui conduisait les avions des hangars vers la piste d'atterrissage principale. Le camp a été planté au bord du couloir à un endroit dégagé où tout le monde avait assez d'espace vital pour étaler confortablement son sac de couchage.

La veillée pouvait commencer. Selon l'appréciation de l'auteur de ces quelques lignes, de toutes les veillées auxquelles L'Euregio a participé, c'était vraiment celle qui à été vécue le plus intensément par tous les pèlerins. Était-ce à cause de la proximité de l'écran géant? Était-ce à cause de la grande maturité des personnes présentes? L'exhortation du Pape à se détourner de tout ce qui sépare de Dieu et à devenir "lumière du monde" n'est certainement pas tombé sur un sol aride!

Comment s'est déroulé la Journée Mondiale de la Jeunesse à Downsview?

Tous les pèlerins présents à Downsview ont été surpris à six heures du matin par un violent orage qui a mouillé tout ce qui n'était pas à l'abri. À fortiori, les pèlerins de l'Euregio ont également du subir les intempéries. Afin d'éviter un grand nombre de complications de santé, la grande majorité des jeunes Luxembourgeois ont préféré quitter Downsview avant même que le Pape ne commence son tour d'honneur au début de la cérémonie. De ce fait, la déception a été grand chez beaucoup de pèlerins Luxembourgeois de ne pas pouvoir être physiquement à Downsview lorsque le Pape Jean-Paul II a clôturé officiellement ce grand rassemblement si important aux yeux des jeunes catholiques du monde entier.

Les jeunes Luxembourgeois ont-ils été de bons ambassadeurs pour leur pays?

En dépit de toutes les difficultés organisationnelles, de toutes les intempéries subies et des retards d'avion, les Luxembourgeois ont toujours tirer le mieux parti de la situation. Jamais on n'a entendu de leur bouche une seule plainte à l'encontre de l'organisation, jamais ils n'ont bronché contre une décision impopulaire des organistes. Bien plus, à maintes reprises, ils ont fait preuve de pragmatisme, de flexibilité et l'esprit de consensus.

Par exemple, grâce à leur maîtrise du français et de l'allemand, ils ont pu, tout comme les Belges, servir de traits d'union entre les Français et les Allemands. Cela était surtout visible dans le petit groupe hétéroclite qui est parti avant les autres par manque de place dans les avions charters.

Ensuite, les Luxembourgeois en général et ceux de la paroisse du Sacré-Coeur en particulier, étaient toujours prêts à effectuer des tâches fastidieuses, mais nécessaires pour la communauté. Ainsi, ils n'ont rechigné à servir des centaines de repas, à charger, à décharger avec entrain les bus scolaires. Même lorsque, intérieurement, beaucoup d'entre eux étaient à bout lorsque les organisateurs ont annoncé qu'il faudrait passer une nuit supplémentaire à Toronto à cause du retard de 16 heures de l'avion, ils ont de tout leur coeur aidé à organiser pour le mieux l'accueil de quatre cents jeunes dans un hôtel et leur répartition dans les chambres.

Quelle est la place de l'Église Catholique dans la société Canadienne?

Dans les quarante dernières années la société Canadienne a subi un profond changement. Auparavant, le secteur de l'éducation et de la santé était dans les mains des congrégations religieuses. Du jour au lendemain, brutalement, cela a changé et l'État a repris en main tous les organismes auparavant géré par les congrégations religieuses. Ce changement a été très fatal pour toutes les générations de jeunes qui ont suivi. Ainsi, les jeunes qui s'engageaient dans les paroisses d'accueil brillaient par leur absence. L'exemple le plus frappant était qu'un grand nombre des volontaires de Toronto n'étaient plus jeune du tout, que du contraire!

Les catholiques semblent avoir l'image d'un groupement de personnes pas très dangereuses, remplies de bonnes volonté et de bonnes intentions, mais avec un mode de vie anachronique, voire même désuet et archaïque. Par exemple à Montréal, un journal d'origine scandinave distribué gratuitement dans les moyens de transport a osé mettre côte à côte la venue des jeunes pèlerins répondant à l'appel du Pape avec la première union de deux personnes homosexuelles. ("En attendant le Pape ... le premier mariage homosexuel célébré au Québec").

Heureusement, quelques exceptions, notamment à Laval, se sont distingués par leur dévouement (Jean et sa famille, la jeune dirigeante du choeur de St Claude, le filleul du curé de St Claude...).

Les jeunes participants à la JMJ 2002 n'ont-ils pas déjà un signe fort à l'église Catholique du Canada?

Justement, le plus grand cadeau que pouvaient donner les jeunes pèlerins aux Catholiques Canadiens, c'est de leur redonner des forces, du courage et de la persévérance dans leur lente reconstruction. Les jeunes ont servi de modèle pour indiquer que le message de Jésus Christ sait encore enthousiasmer des jeunes du troisième millénaire. Ne serait-ce que par leur présence, ils ont déjà su susciter la sympathie et la générosité de coeur des Canadiens. Ensuite, ils ont montré aux jeunes du Canada, qu'il était possible que des jeunes soient la force vivante de la société et suivent le chemin tracé par Jésus!

Qu'ont apporté ces jeunes au Canada en général?

À part les grandes sommes laissées dans les fast food de Toronto, c'est surtout l'hospitalité Canadienne qui restera gravée dans les coeurs de tous les participants aux JMJ de Toronto. Le Canada restera dans leurs mémoire comme un pays accueillant où il fait bon vivre (du moins en été). De ce côté là, le Canada a pleinement réussi son pari!

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